Fimicoles et coprophiles

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L’étymologie révèle (ou cache pour ceux qui l’ignorent) des caractères bien particuliers. Que vous évoque les mots : « coprophilus », « stercoreus », « fimicola », « merdicola » ?
Un indice : les espèces dont le nom contient un de ces termes partagent le même substrat… Les mycologues confirmés auront bien sûr deviné, quant aux débutants, la chose est moins évidente tant il est vrai que les préoccupations des néophytes sont souvent ailleurs.

Fini les mystères ! Notre « Galerie d’Images » est consacrée cette fois aux champignons qui se développent exclusivement sur le fumier et toutes autres crottes d’animaux sauvages ou domestiques. Riches en carbone et matières azotées, les laissées d’animaux fournissent un terrain de choix pour la croissance de la fonge.

Il n’y a pas lieu de tordre le nez. Une incroyable diversité s’offre sous nos yeux ; ces champignons appartiennent aux groupes des ascomycètes, des basidiomycètes et des zygomycètes.
Si, à l’oeil nu, certains paraissent un peu ternes, leur observation au moyen d’une loupe ou d’un microscope permet de capter d’incroyables trésors de la nature.

Voici tout d’abord une sélection qui illustre l’extrême variété des espèces fimicoles 
Poronia, Sphaerobolus, Panaeolus, Psathyrella, Cyathus, Peziza, Coprinopsis, Iodophanus, Deconica (Psilocybe)Bolbitius, Agrocybe, Clitocybe, Melanoleuca :

Poronia punctata

Cet ascomycète a été récolté sur crottin de cheval. L’espèce est en voie de disparition.  Les traitements vétérinaires ou l’alimentation des chevaux est peut-être en cause. La fructification peut mesurer jusqu’à 7 cm de diamètre.

Sphaerobolus stellatus

Croissant sur débris végétaux pourrissant ou sur fumier, ce basidiomycète passe facilement inaperçu, ses fructifications s’ouvrent en étoile et mesurent de 1 à 2 mm de diamètre.

Psathyrella berolinensis

Petite espèce de 1 cm de chapeau, de couleur ambrée à ocre brun, se développant le plus souvent sur laissées de sanglier. Odeur nauséeuse.

Panaeolus papilionaceus ou Panaeolus sphinctrinus

(synonymisés par certains auteurs)

Ces photos permettent de constater la variabilité des teintes du chapeau (brun, gris, verdâtre, blanchâtre). Son stipe est couvert de pruine.

Panaeolus antillarum

Gros panéole blanc, devenant à peine crème en vieillissant.

Panaeolus subfirmus

Rare espèce à chapeau hygrophane, d’abord brunâtre puis décolorant en gris, plus foncé à la marge, sans voile marginal. L’espèce présentée a été récoltée à 1800 d’altitude, dans les Pyrénées.

Panaeolus retirugis

Cette espèce fait partie du groupe papilionaceus dont les chapeaux peuvent présenter des couleurs très différentes. Ici, ils sont roussâtres et montrent des craquelures radiales.

Cyathus stercoreus

Ce cyathe est moins commun que C. olla ou striatus. Il n’est pas que coprophile car il vient aussi sur débris végétaux. Ses grandes spores globuleuses le différencient des deux autres espèces.

Peziza vesiculosa et Peziza fimeti

Coprinopsis nivea


C’est le plus connu de la section nivei regroupant des espèces avec un voile farineux blanc. Ses grandes spores sont elliptiques. Il pousse généralement sur crottin de cheval.

Iodophanus carneus

Ce petit ascomycète de 1 mm de diamètre est assez remarquable par sa couleur rosée au départ, évoluant vers l’orangé ensuite. Il peut coloniser la totalité d’une crotte de chevreuil, comme sur cette photo.


Deconica (Psilocybe) subcoprophila


Petite espèce brune à chapeau devenant vite strié en séchant, avec un voile blanc fugace à la marge. D. coprophila lui ressemble mais présente des spores beaucoup plus petites. 

Deconica (Psilocybe) merdicola

Espèce moyenne, à chapeau jaune brun, plus clair vers la marge. Lames grises vite violacées. D. moelleri lui ressemble mais ses spores montrent un profil hexagonal.

Psilocybe fimetaria

Chapeau brun clair, hygrophane, décolorant vite en jaune clair, montrant un net mamelon, et des débris de voile blanc sur la marge. Pied blanc, se salissant vite au toucher.

Bolbitius coprophilus

Espèce souvent hivernale, aisément identifiable par ses couleurs roses, grisonnant rapidement.

Protostropharia semiglobata

Espèce commune dans les pâturages, facile à reconnaître avec son chapeau crème jaunâtre, visqueux.
Prostropharia dorsipora est un sosie dont la spore montre un pore germinatif excentré.

Agrocybe pediades var. fimicola

Ce taxon ressemble en tous points à A. pediades et n’en diffère que par son écologie.

Clitocybe nitrophila

On est surpris de trouver un clitocybe sur le fumier. Sa détermination n’en est que plus facile. Il est synonymisé avec C. amarescens.

Melanoleuca polito-inequalipes 

Ce curieux Melanoleuca a trouvé une écologie particulière. Il peut être gris foncé dès son jeune âge, puis se décolore jusqu’à devenir blanc.

Voici quelques représentants de la famille nombreuse des Coprins fimicoles photographiés dans leur milieu naturel

Coprinus sterquilinus 

Avec son anneau placé bas sur le pied, ce coprin peut évoquer C. comatus dont il est proche. Cette ressemblance facilite la détermination sur le terrain.

Coprinopsis pseudonivea 

Surprenante par ses couleurs roses quand elle est jeune, cette espèce a un voile farineux blanc de Nivei. Ses spores sont en forme de cœur ou de montgolfière.

Narcissea (Coprinus) cordispora et Coprinus patouillardii

Narcissea (coprinus) cordispora (à gauche) fait partie de la section des Nivei, son voile farineux est blanchâtre. Il a souvent été synonymisé avec patouillardi (à droite) qui présente des spores de forme analogue, mais plus petites ne dépassant pas 8 µm.

Coprinellus marculentus 

Peut se déterminer sur le terrain dans la jeunesse, en observant ses couleurs rose violacé. Il a été nommé hexagonosporus, ce qui était bien évocateur.

Parasola misera

Ce petit coprin en ombrelle, orangé au début, strié sur tout le chapeau, fut classé dans la section Glabri, regroupant des espèces sans voile, ni ornement sur le pied. C’est le seul Parasola fimicole.

Coprinellus curtus

Si on a la chance de l’observer jeune, on pourra le déterminer sur le terrain, grâce à son voile montrant des grains orangé rougeâtre. Au microscope, ses sétules ont un sommet capité très marqué.

Coprinellus ephemerus et Coprinopsis foetidella

Coprinopsis trispora

Cette espèce présente des aspects assez différents. Sur cette récolte, les squames foncées sur le chapeau le rendent spectaculaire. Sa curiosité réside dans ses basides trisporiques.

Culture de champignons coprophiles

Les espèces présentées ci-après ont été cultivées en chambre humide (récipient translucide avec couvercle percé de trous pour l’aération. Un coton absorbant y est maintenu humide pour favoriser le développement des champignons sur le substrat. A maintenir à température ambiante). Une fois la collecte de crottes effectuée, on peut ainsi faire de la mycologie quelle que soit la météo. C’est un des avantages de l’étude des champignons coprophiles. Quelques suggestions pour le substrat : vache, cheval, âne, chevreuil, cerf, chamois, isard, lapin, lièvre, mouton, chèvre. Nous vous conseillons de ne prélever que des crottes d’herbivores sauvages ou domestiques. Ceci afin d’éviter d’éventuelles bactéries ou virus pathogènes pour l’homme (à éviter aussi : les chauve-souris…).

Pilobolus crystallinus

Les Pilobolus appartiennent aux « Zygomycètes »  (Ordre des Mucorales). Pilobolus crystallinus est haut de quelques mm. Son pied est surmonté d’une tête translucide à jaunâtre, au sommet de laquelle se trouve une capsule noire contenant les spores. Elégants, les Pilobolus sont aussi des maîtres en matière de rapidité pour l’éjection de leurs spores : 25 mètres par seconde. Record à battre ! Des vidéos fameuses circulent sur internet.

Pyrénomycètes (Ascomycètes)
En général, la hauteur totale de ces champignons n’excède pas un mm. Leur aspect initial ne varie pas beaucoup ; leur périthèce est souvent piriforme avec un orifice nommé ostiole permettant de libérer les spores. Celles-ci en revanche, présentent des formes et des dimensions très différentes.

Arnium hirtum

Il se développe au bout d’un mois minimum en chambre humide. Cet exemplaire est issu d’une bouse de vache. Selon Lundqvist, Arnium hirtum semble se limiter aux excréments d’herbivores domestiques. Seule sa petite tête pleine de poils raides dépasse du substrat.

Podospora fimiseda

Il se distingue par son périthèce couvert de poils hyalins et par une spore très originale. Celle-ci est constituée d’une cellule colorée (tête), d’un pédicelle hyalin, et à chaque extrémité d’un appendice gélatineux incolore (ici colorés par de l’encre bleue). Cette espèce a 8 spores par asque, alors que chez d’autres Podospora  on en trouve 16, 32, 64 … jusqu’à 1024.

Zygopleurage zygospora 

Il faut être expérimenté pour l’apercevoir ; seule la partie supérieure émerge de la bouse de vache. Sa spore est particulièrement surprenante : elle est constituée de deux cellules colorées reliées par un long filament hyalin (teinté ici par du Noir de chlorazol).

Bombardioidea stercoris

Notables sont ses asques longuement atténués à la base et qui ne contiennent que quatre spores.

Preussia octosymmetrica

La plupart des Preussia ont des spores formées de 4 cellules alors que celui-ci en a 8. Beaucoup d’espèces du genre Preussia se nommaient auparavant « Sporormiella ».

Discomycètes (Ascomycètes)

Ascobolus albidus

Ceux-ci ont été récoltés en chambre humide. Dans la nature, ils peuvent être ramassés pratiquement toute l’année. Les apothécies blanches qui ne mesurent guère plus d’un mm sont ponctuées de violacé-noirâtre par l’extrémité des asques arrivés à maturité.

Pseudombrophila theioleuca

Mesurant jusqu’à 2 mm, ces apothécies cupuliformes à marge légèrement débordante et à l’hyménium couleur miel proviennent de laissées de cerf.  Ne sont-elles pas magnifiques !

Lasiobolus ciliatus

Est une autre merveille issue du même substrat.  Ces apothécies en « rayons de soleil » mesurent moins d’un millimètre.

Thelebolus stercoreus

Récolté sur crotte de chevreuil, ce discomycète est apparu en chambre humide. La partie supérieure en forme d’ampoule constitue l’asque unique contenant environ 2000 spores.

Chaetomium globosum 

Cet ascomycète appartient à l’ordre des Sordariales. Son périthèce ne dépasse pas 0,3 mm, il est entouré de poils flexueux, souvent spiralés, montrant des incrustations sous le microscope.


Saccobolus versicolor

Les asques matures dépassent de la surface. Ils contiennent chacun 8 spores de couleur foncée qui se sont agglomérées. Ces spores resteront en grappe lorsqu’elles seront éjectées. 

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