Champignons des pelouses et prairies maigres CHEGD

Contexte et partenaires :

Dans le cadre de la convention partenariale établie entre la Société Mycologique de France (SMF), Réserves Naturelles de France (RNF) et l’Association pour le Développement d’Outils Naturalistes et Informatiques pour la Fonge (ADONIF), un protocole d’étude de la fonge a été établi permettant aux gestionnaires d’évaluer l’état de conservation et l’importance de leur pelouses et prairies, mais aussi d’évaluer les impacts des modes de gestion passés ou actuels.

Les CHEGD fungi rassemblent un ensemble de taxons (acronyme) de champignons poussant dans les milieux de prairies et pelouses (sensu Griffith, 2006) :

C : espèces des genres Clavaria, Clavulinopsis et Ramariopsis,

H : espèces des genres Hygrocybe, Cuphophyllus,

E : espèces prairiales du genre Entoloma,

G : espèces de la famille des Geoglossaceae (Geoglossum, Microglossum et Trichoglossum),

D : espèces des genres Dermoloma, Porpoloma et Camarophyllopsis.

Le protocole a été rédigé par Yann Sellier (GEREPI, SMF, ADONIF, RNF, FAMO, SMP), Daniel Sugny (FME, SMPM) et Gilles Corriol (CBNMP). Il a été publié en 2017, dans le bulletin 131 (1-2) de la SMF. Il peut être téléchargé ici.

Prairies et pelouses naturelles : La gestion en faveur de la biodiversité fongique.

Le groupe CRYPTOFLORE de Réserves naturelles de France a pour but de diffuser de l’information et sensibiliser les gestionnaires d’espaces naturels sur les champignons, les lichens, les bryophytes et les algues. Il partage les expériences des gestionnaires et les aide dans la mise en place de protocoles de suivis ou d’inventaire.

De bien curieux champignons habitent nos pelouses et prairies. Ils nous ébahissent au départ par leurs couleurs très vives allant du jaune au vert en passant par le rouge, le rose, le violet… Ils apprivoisent aussi par leurs arômes de farine, de miel, de bonbon anglais, de cuir de Russie… Ils surprennent enfin par leur texture allant de pelucheux à gluant ! Dans ces pelouses, la beauté s’exprime dans toute sa complexité.

Ces espèces sont aussi de véritables marqueurs de la stabilité physicochimique des sols. En effet, les engrais et différents produits chimiques font disparaître pour de nombreuses années ces espèces. Cette caractéristique leur a d’ailleurs porté préjudice, et nous avons vu disparaître 90% des pelouses propices à leur expression durant ces 75 dernières années en Europe de l’Ouest. Ces champignons sont désormais parmi les plus en danger sur notre continent. Plusieurs figurent d’ailleurs sur liste rouge mondiale UICN.

Mais où se cachent alors ces champignons ?

Leurs habitats de prédilections sont ceux où :

  • Les sols sont stables physiquement et chimiquement depuis de nombreuses années (habitats naturels, parc de châteaux),
  • Les zones sont plutôt bien drainées,
  • Les zones de coteaux calcaires, les zones mésotrophes à oligotrophes,
  • Les habitats présentant beaucoup de mousses au sol.

Il y a aujourd’hui une nécessité absolue de mettre la fonge au cœur de la connaissance et des politiques environnementales. Plusieurs pays européens sont déjà engagés dans cette démarche.

Les champignons offrent par leur pouvoir bio-indicateur la capacité de contribuer à l’évaluation de l’état de conservation de différents habitats naturels (dont plusieurs habitats Natura 2000). Au-delà de l’état de santé d’un habitat, leur diversité et les traits de vie des espèces donnent des informations sur la gestion passée d’une parcelle. De fait, la présence ou l’absence de certaines espèces informent aussi sur la gestion actuelle.

Témoin du compartiment lié au recyclage de la matière, ce sont aussi des témoins de l’activité biologique du sol au sens large. En considérant la fonge, c’est une manière de prendre en compte d’autres éléments fonctionnels primordiaux pour nos sols.

Conseils de gestion en faveur de la biodiversité fongique des pelouses :

  • Proscrire le retournement,
  • Proscrire l’utilisation d’engrais,
  • Proscrire l’utilisation de produits phytosanitaires, et en particulier des antimousses,
  • Proscrire l’utilisation de la chaux,
  • L’entretien des zones ouvertes par fauche ou pâturage extensif, est particulièrement indiqué.

Quelles démarches menées si l’on s’intéresse à la fonge des prairies :

  • Se procurer le protocole national d’étude auprès de la Société Mycologique de France ou des Réserves Naturelles de France.
  • Prendre contact avec le référent de CRYPTOFLORE.
  • Participer à l’alimentation de la base de données nationale des champignons portée par ADONIF.

Pour en savoir plus :

  • Informations sur le programme : responsable du groupe CRYPTOFLORE RNF (contacter Y. Sellier : gerepi@free.fr)
  • Informations sur le protocole édité : Société mycologique de France
  • Pour envoyer les données et aider aux travaux d’amélioration de la connaissance (taxinomie, répartition, liste rouge) : ADONIF 
  • Site de référence européen des hygrocybes (waxcap website)
  • Liste rouge fongique mondiale UICN

Télécharger le Document de sensibilisation CHEGD Fungi

Images d’illustration :

Hygrocybe perroquet (Hygrocybe psittacina (J.C. Sch.: Fr.) Kummer) © Y. Sellier

Clavaire corniculée (Clavulinopsis corniculata (J.C. Sch.:Fr.) Corner) © Y. Sellier

 

Hygrophore ponceau (Hygrocybe punicea (Fr.:Fr.) Kummer) © Y. Sellier

Langue de terre (Geoglossum cookeianum Nannfeldt) © Y. Sellier

Tricholome à lames triangulaires (Dermoloma cuneifolium (Fr.:Fr.) Singer ex M. Bon) © Y. Sellier